Atelier d’écriture chez Asphodèle : la fuite du vampire

plumes asphodeleVoilà quelques semaines (mois ?) que je n’avais pas pris le temps de participer à l’atelier de Miss Aspho, exercice que j’affectionne pourtant particulièrement. En voyant la liste de mots de cette semaine, ma vampirette Véra, que j’avais laissée en plan avec son bel endormi dans un épisode précédent, s’est rappelée à mon bon souvenir et m’a inspiré ce petit texte.

Voici donc le résultat de la collecte de mots (dont j’ai écarté aquarelle) : temps, lire, ténacité, sidération, tour, regrets, déchirer, malgré, silence, bancal, résilience, pourquoi, aquarelle, fardeau, parenthèse, vide, rire, envol, vie, conscience, coeur, douleur, scintiller, symphonie, scène, sinueux.

« Il ne me laisse finalement pas le temps de prendre une décision et brise soudain le silence en s’étirant dans les draps que nous avons froissés. En m’apercevant dans un coin sombre de la chambre, il part d’un rire cristallin qui provoque encore cette étrange sensation dans mon coeur – plaisir ou douleur, je ne saurais le dire.

– Bonjour, me dit-il en souriant. Tu n’as pas filé comme une voleuse cette fois ! Reviens au lit, ne t’enfuis pas encore.

femme-vampireIl me tend une main que je n’arrive pas à refuser. La scène prend un tour que je n’avais pas prévu. Son regard me renverse, ma conscience se trouble et je ne sais plus si c’est l’envie de son corps ou de son sang qui m’aimante irrésistiblement. Il m’attire vers lui, me caresse, m’embrasse et l’ivresse du jeûne emporte mes sens dans une symphonie endiablée. Il ne me reste que peu de temps avant de céder à l’instinct qui m’intime de lui déchirer les chairs. Je le repousse violemment et ce faisant, je peux lire la sidération dans ses yeux.

– Pourquoi, Véra ?

Bien sûr, je ne peux pas lui dire pourquoi et je m’enfuis sans me retourner, avant que sa ténacité et mes regrets ne me rattrapent, avant que je ne sois obligée de lui servir une histoire sinueuse et bancale, ou avant que ma nature monstrueuse ne se nourrisse de lui. Contrairement à ce que j’espérais, le temps n’allège pas notre fardeau, même pour nous les Anciens. Je réalise que malgré nos longs siècles d’expérience, aucun de nous n’est à l’abri de la détresse causée par le vide qui habite nos vies nocturnes. Le désir d’une parenthèse humaine scintille toujours dans nos profondeurs et hurle pour prendre son envol. Pour nous, aucune résilience n’est possible. »

39 réflexions sur “Atelier d’écriture chez Asphodèle : la fuite du vampire

  1. Quel dommage de se priver de si jolies grasses matinée, un peu d’ail peut-être aurait adouci la chose ? Sans rire j’aime bien cette manie vampiresse qui se dévoue pour sauver les autres de son propre ! appétit.

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  2. Bonjour Biancat ! Je suis nouvelle à ce jeu, du coup j’ai été lire les épisodes précédents pour commencer par le début… C’est une jolie parenthèse humaine qu’elle vit là, ta petite Véra ! Déjà pleine de tourments, mais j’espère qu’elle ne va pas tourner la page si vite ! 🙂

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  3. Elle a bien fait de s’enfuir avant de commettre l’irréparable 🙂
    Mon passage préféré : « aucun de nous n’est à l’abri de la détresse causée par le vide qui habite nos vies nocturnes. »

    Bonne journée 🙂

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  4. Pingback: LES PLUMES 40 – LES TEXTES DE JANVIER ! | Les lectures d'Asphodèle, les humeurs et l'écriture

  5. Hooo bravo Bianca, moi j’aime beaucoup quand tu donnes une touche « existentielle », bien au contraire, ça nous les rend plus proches, ce n’est pas qu’une histoire de vampires !!! 😀 J’aime beaucoup le dernier paragraphe moi aussi (sur un plan purement littéraire) ! 😉

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    • Eh oui, être un vieux vampire ne protège pas du désespoir. J’aimerais essayer de donner un ton existentiel à cette histoire, pour qu’elle reflète nos propres interrogations et angoisses, mais c’est peut-être un peu ambitieux ^^ Par ailleurs, je dois absolument finir mon histoire de Sarah (en suspens depuis des lustres !!) car je voudrais l’envoyer pour un concours de nouvelles. Promis, tu seras la première à lire 😉 Bisous Elisabeth.

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