C’est un air printanier que nous souffle la collecte de la semaine chez Asphodèle, dont voici le résultat : douceur, printemps, déserter, sommeil, chaleur, renaissance, air, bernard-l’hermite, édredon, paresse, plume, aile, volupté, insouciance, liberté, vaporeux, virevolter, cigogne, nuisette, ubac, univers, urgence.
Et voici ma proposition :
« Au téléphone, ma mère m’avait dit qu’il n’y avait pas d’urgence, qu’on pouvait arriver tranquillement vers midi, mais on a fini par être en retard, comme d’habitude. A peine descendues de la voiture, les filles se précipitent dans le jardin en hurlant à tous les vents leur liberté retrouvée. Je passe le petit portail vert dans leur sillage et c’est là que j’aperçois mon père : il paresse dans une chaise longue, enfoncé dans un édredon de plumes tout blanc. De loin, on croirait qu’il savoure la douceur du printemps et la chaleur des premiers soleils. Tout est si calme, rien n’a l’air d’avoir vraiment changé. C’est drôle comme le printemps souffle invariablement chaque année sa brise de volupté et d’insouciance. Une inlassable et toujours optimiste renaissance.
Les filles se sont approchées de leur grand-père et leurs rires l’ont sorti de son demi-sommeil. Elles virevoltent toutes les deux autour de lui, tout en faisant des zigzags entre le nain de jardin et la cigogne imperturbable. Alors qu’elles jouent bruyamment à cache-cache entre les nuisettes de leur mamie qui sèchent sur la corde à linge, je me penche pour embrasser mon père. Il tourne la tête vers moi et je suis frappée par son regard, jadis si perçant, aujourd’hui vaporeux. Au début, on nous a dit que c’était la maladie de Parkinson. Il tremblait beaucoup, ça n’a pas vraiment été une surprise. Le problème, c’est que ce genre d’invité n’arrive jamais seul. On l’a réalisé quand sa raison a commencé à déserter et qu’il s’est mis à dériver de l’adret vers l’ubac de son esprit.
- Papy, tu veux qu’on te chante la chanson du bernard-l’hermite qui voulait avoir des ailes ?
Il sourit. Seules ses petites-filles semblent encore l’atteindre. Dans leur univers, la maladie n’est qu’un autre aspect de la réalité et ça ne les dérange pas que Papy ne soit plus tout à fait comme avant. Après tout, il est toujours là pour écouter leurs chansons. »
A reblogué ceci sur Biancat's Roomet a ajouté:
Il y a plusieurs années maintenant, j’adorais participer à des ateliers d’écriture, sur le blog « Les lectures d’Asphodèle » ou sur celui de mon amie et écrivaine Olivia Billington. J’ai ainsi retrouvé le dernier texte que j’avais écrit dans ce cadre. Il date de mars 2015, et j’ai réalisé que mon papa s’est éteint en octobre de la même année, ce qui lui donne une résonance particulière aujourd’hui. Je l’ai trouvé (tristement) joli, c’est pourquoi je repartage, tout en vous souhaitant une belle soirée…
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Quel joli texte tout en tendresse
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Merci Martine 🙂
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belle émotion pour cette vie si tourmentée et qui tourmente les proches.
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Merci Jacou 🙂
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Me voilàààà enfiiiin !!!! 😀 Bravo vraiment bravo d’avoir abordé ce sujet avec autant de pudeur, de douceur et de sensibilité, c’est touchant sans être larmoyant, j’aime beaucoup ! 😉 Les enfants en bas âge rejoignent souvent les anciens par la pensée, on dirait qu’ils se comprennent. Bises Biancat ! 🙂
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Coucou Aspho, merci de ta visite ici !! Oui, les enfants analysent moins que nous et parfois c’est mieux ainsi…
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Très joli texte. Des mots délicats pour des foutues maladies. Je suis conquise.
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Merci beaucoup 🙂
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C’est adorable, c’est pertinent, si réel et l’insouciance des petites filles touche leur papy, une jolie histoire
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Merci Janick, une histoire inspirée de la vraie vie malheureusement. Comme quoi on peut toujours trouver de la beauté dans le malheur 🙂
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Je t’ai taguée : https://bykimysmile.wordpress.com/2015/03/18/tag-le-code-de-la-route/#more-8443 🙂 🙂 🙂
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Merci merciiiiii ! ❤
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Jolie délicatesse de mots, pour la narration de l’oubli !
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Merci d’être passé par ici, L’Ornithorynque 🙂
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Pourquoi Martine ? Me le demande !
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Mes yeux se font vieux (pas moi hein !!) j’ai du mettre mes lunettes pour ordi !
Ca fait un moment que je les met et pourtant j’ai des verres progressifs !! Zut !!
Ben tout ça pour te dire que je suis contente de les avoir mises !
Ton texte est émouvant, touchant……Merci Martine de ce partage
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Un sujet grave abordé avec douceur et tendresse. Quelques chaleur et légèreté malgré tout, comme peuvent être « les Plumes » parfois. J’aime
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Merci à toi Patchcath 🙂
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Ton texte sonne en écho à ma vie. Mon père a un tumeur cérébrale décelée depuis 2 ans et son état se dégrade petit à petit… Il ne sait plus qui sont ses petits enfants et à ma dernière visite était persuadé que j’étais la fille d’une de mes sœurs 😦
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Ces situations sont très tristes. C’est pour cela que j’avais besoin d’écrire dessus. Merci de ta visite Marlaguette 🙂
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Ce n’est pas facile d’aborder ce sujet et tu l’as fait en toute pudeur en minimisant le côté désolant de cette terrible maladie.
Merci pour ce partage si touchant.
Bisous
Domi.
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Merci à toi de ta visite, Domi ! 🙂
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un texte très touchant …. Et quelle belle image que celle de « de l’adret vers l’ubac de son esprit. »
Bisesss Biancat
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Merci Valentyne 🙂 Bises et bonne fin de week-end !
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Comme cela la grand-mère met des nuisettes, quelle coquine. Sinon c’est un très joli texte sur la maladie de ses proches, ce n’est jamais facile.
Bon dimanche et merci de ta visite
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Oui, sacrée mamie 😉 Bonne fin de week-end à toi !
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Ton texte par hasard me touche sur un point extrêmement sensible, merci pour la réflexion apportée.
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Il me touche aussi… merci de ta visite ici 🙂
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Tu nous livres un récit prenant et d’une extrême douceur… Mais si triste dans sa réalité…
Bon dimanche…
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Bon dimanche à toi aussi 🙂
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Très joli texte.Des le départ, on sent qu’un drame se déroule, sans savoir lequel avant la fin.
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Bon sang comme c’est juste, modeste et tellement humain, à en être bouleversant tant cela nous ressemble un jour.
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Merci de ta visite ici 🙂
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Douceur des mots pour dire la douleur de la vie. Magnifique texte pour rendre hommage à un papa que la raison quitte lentement.
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Merci Martine 🙂
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C’est toujours délicat d’aborder ce sujet difficile. Bien maîtrisé comme c’est le cas ici, c’est un ré-gal ! Merci 😉
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Merci à toi de ta visite ici 🙂
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C’était un plaisir réel, j’adore les découvertes 😉
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Ton récit est très émouvant, et bien différent de certains clichés sur les enfants, durs, cruels. Oui, ils peuvent passer outre la maladie et être heureux d’une présence.
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Merci Nunzi. Oui les enfants sont parfois surprenants, presque plus humains que nous…
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Pingback: LES PLUMES 42 – LES TEXTES DE MARS 2015 ! | Les lectures d'Asphodèle, les humeurs et l'écriture
Elle est si touchante la tendre légèreté de ce texte, malgré ce sujet si douloureux
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En toute circonstance, la vie se fraye toujours un chemin, la vie même est émouvante 🙂
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Un texte très émouvant. ça fait échos aux pbs de santé de nos parents/grands parents.
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Merci. Et oui, c’est une phase de la vie difficile, pour le malade mais aussi (et presque surtout) pour les proches.
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