Je suis fatiguée (bis)

Peu présente ces derniers temps sur la blogosphère, je voulais néanmoins échanger avec vous aujourd’hui sur un sujet qui me hérisse un peu le poil ces derniers jours. Vous avez très certainement entendu parler récemment de l’enlèvement et du meurtre effroyable de la petite Chloé. Je me mets à la place des parents qui ont vécu ce drame et n’ose imaginer leur ressenti.

Là où je m’insurge, c’est sur la sur-exploitation de l’émotion collective par les médias, sur un sujet qui réclamerait de la pudeur et du respect de la douleur. Je m’insurge contre l’amplification du climat de peur et de terreur, pour nous faire croire que la France est un pays où nous sommes de moins en moins en sécurité. Je m’insurge aussi contre la récupération politique systématique dont ce type d’événements fait l’objet.

Après l’explosion des haines depuis l’épisode Charlie, qui ne sont pas près de se tarir, je suis peut-être moi-même paranoïaque pour y voir encore une fois de la manipulation pure et simple, dans l’optique d’un 2017 qui s’approche lentement mais sûrement. A ce titre, je me demande dans quelle mesure la réaction d’effroi et de repli sur soi du français moyen n’est pas savamment programmée et entretenue pour orienter, l’air de rien, sa couleur politique le moment venu.

Alors oui, j’ai été horrifiée par la mort de Chloé – comment ne pas l’être ? – mais malgré ces incitations répétées, je refuse de vivre dans la peur. Je vais simplement prier pour cette petite âme, renouveler les conseils de prudence que je donnais déjà à mes enfants, et mépriser les médias.

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L’émotion sur fond de Seconde Guerre Mondiale : « Povchéri » et « Le Confident »

Suite à mon expérience de Cinquante nuances de Grey, il fallait que j’oublie vite. Si j’avais depuis longtemps Le Confident d’Hélène Grémillon dans ma PAL, j’ai en revanche retrouvé un petit bijou oublié : Povchéri de l’écrivain Patrick Cauvin, disparu en 2010, dont je ne sais même plus, à vrai dire, comment il s’est retrouvé dans ma bibliothèque. Ces deux petits ouvrages racontent deux histoires qui se déroulent pendant la Seconde Guerre Mondiale : deux récits émouvants, deux bons moments de lecture.

Povchéri – Patrick Cauvin

Patrick Cauvin est un auteur que j’affectionne particulièrement. Découvert il y a fort longtemps à l’école avec son célèbre E=mc² mon amour, l’histoire de ces deux adolescents surdoués qui vont s’aimer comme les grands, j’ai par la suite toujours eu un petit Cauvin entre les mains pour ponctuer mon parcours de lectrice : Laura Brams, L’amour aveugle, Haute-Pierre, et d’autres encore.

‚4ion³p~4ÀÏ8¸Ð8e ofateTimeenitPovchéri est peut-être celui que j’ai préféré. Joseph, dit Povchéri, a 11 ans en 1943. Avec ses yeux et ses mots d’enfant, il raconte sa vie de tous les jours dans un journal : l’école, le quotidien d’un Paris en guerre, ses premiers émois, … Plusieurs décennies plus tard, Joseph a plus de soixante-dix ans. C’est de nouveau la guerre dans le monde. C’est à ce moment-là qu’il retombe sur le journal de Povchéri et le vieux monsieur revêche se prend de tendresse pour le petit garçon qu’il était. Il décide alors de reprendre son journal et de lui raconter son futur.

Entre les deux Povchéris, c’est tout simplement la vie qui s’est écoulée. Toujours dans son style familier, Cauvin sait raconter cette vie comme personne : il peint l’enfance et la vieillesse avec des mots qui tour à tour font rire et émeuvent, dans une parfaite justesse. J’ai adoré.

Le Confident – Hélène Grémillon

Ce premier roman m’attendait depuis un moment. Quand j’ai eu fini Povchéri, je me suis dit que j’allais poursuivre dans la Seconde Guerre Mondiale, puisque j’étais déjà lancée.

le-confidentL’histoire, c’est celle de Camille, dans les années soixante-dix. Alors que sa mère vient de mourir, elle se met à recevoir des lettres étranges qui lui content une histoire qui ne l’est pas moins, et dont elle ignore quel peut bien être le lien avec elle. Au fil des envois, c’est une histoire de femmes poignante et de destins brisés qui se tisse, un drame dont les tenants et les aboutissants se faufilent jusqu’à elle au fur et à mesure qu’elle lève le voile, lettre après lettre. L’histoire, que l’on devine assez rapidement, n’est pas sans rappeler celle du Jardin des Secrets de Kate Morton, le souffle romanesque et le côté gothique en moins. Hélène Grémillon y apporte cependant une forme assez originale, entre récit épistolaire, retour au présent et confession, alternant les différents styles en fonction des narrateurs.

Dans Le Confident, c’est assurément moins le suspense que la peinture des sentiments, voire d’une certaine folie, qui accroche le lecteur. Le tout dans une ambiance de Seconde Guerre Mondiale, peu présente dans la première moitié du livre, plutôt bien retranscrite ensuite. Même si on aurait aimé que les personnages soient un peu plus consistants, le style un peu plus affirmé, Le Confident reste malgré tout une jolie lecture.

Je suis Charlie ? Fatiguée, surtout.

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Ce matin, j’ai lu un article sur le net qui m’a interpellée : un procès d’intention de l’humoriste Michel Leeb, l’accusant 30 ans après d’avoir écrit des sketchs racistes (souvenez-vous : la mouche et le bourdon, l’Africain, …). Certes, cet humour d’une époque révolue n’était sans doute pas des plus fins, il était même parfois limite, mais le fait que cette polémique arrive précisément en ce moment n’est pas anodin. Cela m’a donné envie d’écrire sur cet après-Charlie qui, curieusement, muselle encore plus la liberté d’expression, au lieu de la débrider. Et puis j’ai lu le texte de Stéphane, un ami de très longue date. Depuis les événements du 7 janvier à Charlie Hebdo, Stéphane a pris la décision de poster chaque jour sur son mur facebook un texte sur des sujets très variés, pour éveiller, faire réfléchir, parler de la vie, pour partager surtout. Je vous livre donc sa réflexion, qui se rapproche de ce que j’aurais pu écrire, en mieux :

« Encore un billet aujourd’hui pour défendre la liberté d’expression. Celui-ci m’a été inspiré par un partage d’une de mes amies à propos de la polémique concernant le pseudo-racisme de Michel Leeb dans ses vieux sketchs. Je crois aujourd’hui que des gens comme Coluche ou Pierre Desproges doivent se retourner dans leur tombe. Autant je combattrai toujours le racisme sous toutes ses formes, autant je suis persuadé que notre société se tire aujourd’hui une balle dans le pied en attaquant et en censurant toute forme d’opinion humoristique. Je ne reviendrai pas sur le cas évident de Charlie Hebdo. Mais je souhaitais mettre en lumière un fait important. L’immense majorité de ces attaques est soigneusement orchestrée par une presse fortement orientée politiquement qui fait son fond de commerce avec la soi-disant défense de la diversité et la lutte contre les discriminations. Il est intéressant de constater que dans un pays où la majorité des médias ont la même orientation politique, personne ne dénonce ce lobbyisme inquiétant.

Oui, on peut faire des plaisanteries sur les origines, les cultures, les religions, d’autant plus pour dénoncer leurs travers. Je suis d’origine belge, et lorsque j’y allais étant jeune, leurs blagues méconnues sur les français me faisaient mourir de rire. Pourquoi donc l’inverse ne pourrait être vraie ? D’ailleurs, il est intéressant de noter que cette même presse réagit beaucoup moins quand il s’agit de dénoncer les positions de certains musiciens issus de leur fond de commerce, c’est-à-dire de ce qu’on appelle de manière très étrange et inquiétante la diversité (toutes les différences se valant, pourquoi donc en valoriser certaines ?). Le meilleur exemple est peut-être le silence de leurs critiques musicaux (ou la complicité ?) face à un texte comme celui-ci : « La France est une garce, n’oublie pas de la baiser jusqu’à l’épuiser, comme une salope il faut la traiter, mec. » (D’un pseudo-rappeur français facile à identifier).

N’y a-t-il pas ici un racisme flagrant à dénoncer, car nulle trace d’humour ou de dérision, mais au contraire une haine de l’autre exprimée et assumée ? Je crois que tous les racismes doivent se dénoncer. Je crois aussi qu’on peut qu’on doit se moquer de tout pour dénoncer. D’ailleurs les premiers à rire sur Facebook des blagues sur les arabes ou les blacks sont les premiers concernés. Gardons de la distance, gardons la tête froide, gardons notre liberté de penser. Et sachons reconnaître quand des accusations de racisme cachent une propagande politique en période électoralement difficile. Aujourd’hui est le jour 87, évitons de nous faire manipuler… »

The Walking Dead : une saison 5 inégale… mais vivement la suite !

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Je viens de passer une semaine sous l’eau, ou plutôt sous des montagnes de travail. Depuis mon billet « Vis ma vie de rédactrice », les affaires se sont accélérées et j’en suis bien sûr ravie ! Le revers de la médaille, c’est que j’ai beaucoup moins de temps pour bloguer et aller vous lire. Quoi qu’il en soit, cette semaine, il fallait tout de même que je passe une tête sur la blogosphère pour parler de mon héros préféré, Rick Grimes, et de la série The Walking Dead qui vient d’achever sa cinquième saison aux US.

Du bon… et du moins bon

En quatre saisons, les scénaristes de The Walking Dead nous ont habitués à une certaine manière de mener la trame de la série : de nettes cassures dans le rythme de la narration, pour mieux mettre en exergue les fulgurances du scénario.

the-walkind-dead-terminusOn se souvient notamment des longues recherches pour retrouver la petite Sophia dans la saison 2, de Rick faisant du jardinage dans la prison de la saison 3, ou encore des scènes intimistes de la saison 4 (« Look at the flowers », and so on…). Cette cinquième saison ne fait donc pas exception à la règle, alors que les premiers épisodes ne le laissaient pas forcément présager. A la fin de la saison 4, rappelons-le, nous avions laissé nos amis en très mauvaise posture, enfermés dans un wagon au sein du fameux Terminus et ses humains cannibales. La tension était alors à son comble et nous nous demandions à quelle sauce ils allaient être mangés, littéralement.

C’est donc sur l’épisode certainement le plus tétanisant de la série que le show redémarrait. Le problème, c’est que cette tension extrême n’aura pas mis plus de 3 épisodes pour retomber, pour laisser la place à une lenteur parfois abyssale : de nombreux flash-backs, et encore une fois la séparation de la bande, qui annonce presque toujours une série de tête-à-têtes et de monologues interminables. Autant j’avais apprécié ces scènes dans la saison 4, autant elles m’ont profondément ennuyée dans celle-ci. Presque autant que l’apparition du personnage le plus irritant depuis le début de la série : le père Gabriel (que celui qui n’a pas eu envie de lui en coller une me jette la première pierre). A tel point que dans ma torpeur, j’ai à peine réalisé que les scénaristes avaient entre-temps liquidé deux personnages importants, dans des scènes à la crédibilité douteuse.

The Dark Knight Rises

En marge d’un scénario déséquilibré et pas toujours passionnant, le héros Rick Grimes s’est en revanche plus que jamais imposé comme le personnage le plus intéressant de la série. Depuis le début du show, les scénaristes lui imposent régulièrement des choix totalement impossibles, TWD5-EP1-GP_0508_0213.jpg_cmyk.jpgce qui a largement contribué à forger un leader d’une grande complexité psychologique et d’une grande cohérence. En permanence, Rick se débat entre le Bien, le Mal et ce qui doit être fait, qui se situe souvent à la frontière des deux.

Au fil des saisons, c’est un véritable régal de voir le personnage s’adapter à ce nouveau monde de cauchemar, de voir aussi sa droiture initiale sans cesse en prise avec son côté animal et instinctif, qui surgit parfois au moment où on l’attend le moins. A ce titre, je salue la performance d’acteur d’Andrew Lincoln, qui incarne à merveille les combats intérieurs de Rick et ses accès de rage qui confinent presque à une certaine folie. Comme vous l’aurez compris, je suis totalement fan.

It’s a new dawn, it’s a new world 

Après pas loin d’une dizaine d’épisodes soporifiques – alors que le passage par l’hôpital dirigé par l’implacable Dawn aurait pu secouer un peu l’ensemble – , la série est enfin repartie dans les tours dans les derniers épisodes avec l’arrivée de la troupe à la communauté d’Alexandria.

alexandria-the-walking-deadAvec l’expérience de 5 saisons, on sait désormais que dans The Walking Dead, l’ennemi principal n’est pas le zombie – même si certaines morts traumatisantes rappellent régulièrement qu’ils ne sont pas là pour faire un bridge -, mais l’humain qui lutte pour sa survie. Alors à Alexandria, pour une fois, exit les bons vieux psychopathes comme le Gouverneur ou les habitants du Terminus, place à l’être humain couard et ordinaire. Et l’on constate rapidement qu’il n’y a pas besoin d’être confronté à des psychopathes pour être en danger, car la lâcheté et l’inconscience sont au moins aussi dangereuses que la folie. Encore une fois, The Walking Dead explore les facettes les plus sombres de l’âme humaine pour nous mettre face à ce que nous pourrions être dans une telle situation, et c’est comme ça qu’on l’aime.

Dans la dernière ligne droite, les scénaristes ont donc travaillé à faire monter la tension au sein de la communauté, tout en instillant la peur d’une menace invisible à l’extérieur. Qui sont les « Wolves » ? Pourquoi marquent-ils les zombies d’un W sur le front ? Pourquoi se rapprochent-ils d’Alexandria ? Le season finale, moins choc que prévu mais d’une redoutable efficacité, apporte quelques indices (et le retour de Morgan en ninja accompli !), suffisamment pour nous faire comprendre qu’une nouvelle ère est en marche et que celle-ci sera emmenée par Rick Grimes et les siens. Pour être aux premières loges de la guerre qui s’annonce, rendez-vous en octobre.