The Haunting of Hill House : quand épouvante rime avec émotion

Il y a quelques années, j’aimais bien me faire peur avec des histoires de maisons hantées et autres revenants. Mais bon, il faut bien admettre que si je frissonnais pendant le film, je sursautais ensuite pendant six mois à chaque craquement dans ma maison et j’appréhendais presque d’ouvrir mes placards, de peur d’y trouver un habitant non convié ! J’ai donc arrêté l’épouvante, pour le bien-être de mes nerfs. Pourtant, j’ai fini par céder à la tentation de découvrir l’incontournable série The Haunting of Hill House qui fait les beaux jours de Netflix depuis le 12 octobre.  Attention, chef d’oeuvre.

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Synopsis : plusieurs frères et sœurs qui, enfants, ont grandi dans la demeure qui allait devenir la maison hantée la plus célèbre des États-Unis sont contraints de se retrouver pour faire face à cette tragédie ensemble. La famille doit enfin affronter les fantômes de son passé, dont certains sont encore bien présents dans leurs esprits alors que d’autres continuent de traquer Hill House. (Source : Allociné)

Une histoire qui fait peur

Adaptée du roman de Shirley Jackson paru en 1959, la série traite, comme son nom l’indique, d’une énième histoire de maison hantée. Ainsi, devant l’écran, on pense immanquablement à The Conjuring, à Amityville, ou encore à Shining. Parce que tous les codes du genre sont respectés : la maison est effrayante à souhait, les fantômes sont légion et l’histoire provoque de bons frissons et des jump scares savoureux, utilisés à bon escient et sans excès.

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Alors est-ce que la série fait peur ? Oui ! Si les vrais moments de terreur sont disséminés, la tension est en revanche bien présente tout au long des 10 épisodes.  Toutefois, c’est quand elle utilise ces codes pour mieux les détourner que la série confine au génie. Je n’en dirai pas plus, au risque de dévoiler des surprises qu’il faut absolument découvrir au fil du visionnage !

De l’épouvante au drame familial

Si le thème a été maintes fois au coeur de nombreux films, la maison hantée ne pouvait assurément tenir seule le devant de la scène sur un format série, sans s’essouffler. C’est donc l’histoire de la famille qui y a grandi qui vient se mêler au récit horrifique : l’histoire de ces cinq frères et soeurs qui tentent depuis de se reconstruire, chacun à leur manière, résiliente ou auto-destructrice.

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Ce drame familial poignant se conte ainsi sur deux époques : le passé, qui narre les événements qui se sont déroulés dans la maison, et le présent, avec la fratrie devenue adulte. Or, le présent ne s’est jamais vraiment défait du passé, et les images passent brillamment d’une époque à l’autre comme s’il n’y avait jamais eu de véritable rupture : une porte qui s’ouvre, ou un personnage qui s’endort dans le passé pour se réveiller dans le présent, dans une mise en scène virtuose.

Le réalisateur Mike Flanagan avoue également s’être inspiré de la série Lost dans le rapport du présent de ses personnages avec leur propre passé. Le spectateur est ainsi convié à plonger dans la psychologie – et les traumatismes – de chacun de ces personnages tourmentés.

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Et que dire des acteurs, sinon que le casting est quasi-parfait. Tant les enfants que les adultes donnent l’impression d’une véritable fratrie, avec une mention spéciale à Victoria Pedretti pour sa prestation habitée (normal pour une histoire de fantômes me direz-vous !) dans le rôle de Nell adulte, la benjamine de la famille.

Un concept renouvelé et magnifié

En 2011, Ryan Murphy et Brad Falchuk avaient tenté un revival de la maison hantée avec la première saison d’American Horror Story, que j’avais chroniquée . Présentés comme une anthologie, ces 12 épisodes redonnaient un sacré coup de jeune au thème. Néanmoins, l’essai fait aujourd’hui pâle figure à côté de The Haunting of Hill House, par son côté outrancier et sans grands enjeux au final.

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En remettant l’humain au coeur d’une histoire au scénario d’une grande profondeur, Mike Flanagan a réalisé un coup de maître et, osons le dire, un véritable petit chef d’oeuvre. Construit à la manière d’un puzzle dont toutes les pièces finissent par s’imbriquer lorsque arrive l’épisode 10, le récit complet apparaît telle une toile, en nous laissant pantois et épuisés, tout autant qu’émerveillés.

Comme je le disais en introduction de l’article, je n’avais plus très envie d’avoir peur des fantômes. Pourtant, j’aurais tellement regretté de passer à côté de ce petit bijou, qu’il me tarde déjà presque de revoir, à la lumière des dernières révélations de l’histoire.

 

The 100 saison 2, ou comment une série moyenne peut devenir une tuerie

Démarrée en 2013, la série The 100 vient d’achever sa deuxième saison sur la CW, spécialiste des teen-shows aux US. Après un final audacieux, tétanisant et d’une rare intensité, force est de constater que The 100 est l’exemple parfait de la série moyenne qui a fini par prendre un envol presque inattendu.

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Synopsis : suite à un cataclysme survenu sur Terre 97 ans plus tôt, les derniers survivants de l’humanité sont allés se réfugier sur une station orbitale appelée l’Arche, y instaurant une nouvelle société. Les ressources se raréfiant dangereusement, les dirigeants décident d’envoyer cent délinquants adolescents sur la planète, dans l’espoir de pouvoir quitter l’Arche et de vivre de nouveau à la surface. Mais la Terre a aussi suivi son chemin pendant ces 97 ans, et ils découvrent rapidement qu’ils sont loin d’être seuls.

Une série aux influences multiples

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Markus (Henry Ian Cusick)

Inspirée du roman de Kass Morgan, The 100 se situe à la croisée des chemins entre la série post-apocalyptique tendance survival à la Walking Dead, la série d’aventures à la Lost et le space opera à la Battlestar Galactica ou Star Trek, le tout saupoudré de Hunger Games et de Sa Majesté des Mouches. Hasard ou pas, on retrouve dans le casting les acteurs Henry Ian Cusick, qui incarnait Desmond Hume, personnage emblématique de Lost, ainsi qu’Alessandro Juliani et Kate Vernon, de Battlestar Galactica. Au vu de ces nombreuses références que j’affectionne particulièrement, c’est donc surtout poussée par la curiosité que j’avais entamé le visionnage de The 100 en 2013.

Une fois passés les premiers épisodes, assez mauvais il faut bien le dire, la première saison se laissait regarder sans peine, même si elle n’était pas exempte de défauts. Dans les bons côtés, la série laissait rapidement de côté les amourettes adolescentes pour se focaliser sur l’action : les adultes sur l’Arche d’une part, les jeunes en prise avec leurs découvertes terrestres d’autre part. De plus, la fin de la saison laissait entrevoir un tournant plutôt intrigant dans le scénario, qui m’avait donné envie de poursuivre.

Un gain de maturité et de profondeur

En octobre 2014, est arrivée la saison 2, surprenante tant le saut qualitatif était grand. D’un show pour adolescents très typé CW, The 100 s’est muée en une série beaucoup plus mature, plus sombre, et plus profonde, laissant entrevoir un potentiel scénaristique bien plus vaste que ne le laissait présager la première saison.

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Clarke (Eliza Taylor) et Lexa (Alycia Debnam-Carey)

Les personnages, qui reviennent de loin quand on se rappelle les premiers épisodes, bénéficient désormais d’une écriture impeccable et d’acteurs investis. L’évolution de leur psychologie et de leurs motivations est un quasi sans-faute tout au long de la saison (excepté le personnage de Finn peut-être), qu’il s’agisse des adolescents Clarke, Bellamy, Jasper ou Octavia, des adultes Abby ou Thelonious, ou des autochtones Lexa ou Dante. Leurs relations sont également travaillées et bien construites, comme celle de Clarke et de sa mère Abby, ou celle, plus étonnante, de Lexa, chef des Grounders (peuple autochtone de la Terre), et de Clarke.

Une des forces principales des personnages de la série est également de ne jamais tomber dans le manichéisme. Dans The 100, aucun personnage n’est blanc ou noir : chaque choix, chaque décision les entache irrémédiablement, peu y échappent, et c’est précisément parce qu’ils sont tous des anti-héros qu’ils créent l’empathie. C’est ainsi qu’à la fin de la saison, la jeune héroïne Clarke, campée par l’excellente Eliza Taylor, se pose en véritable pendant féminin d’un Rick Grimes dans The Walking Dead : un leader fort, mais métamorphosé à jamais par l’horreur, la mort et les choix inhumains.

Une véritable réflexion 

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Thelonious (Isaiah Washington)

Le scénario effectue, à partir du déchirant épisode de mi-saison, une montée en puissance sans faille, pour conclure une saison riche en surprises dans le bruit et la fureur, et une incroyable intensité. Dans cette saison, les scénaristes auront abordé des thèmes qui dépassent largement le cadre de la série pour adolescents pour proposer, à travers un scénario ambitieux et des partis pris osés, une réflexion intelligente, dérangeante parfois, sur la guerre, le sacrifice, la perte de l’innocence ou la culpabilité. Espérons que ce tournant plus adulte, plus violent aussi, ne déroutera pas le jeune public de la CW, au risque de voir la série annulée un jour.

Cerise sur le gâteau, le tout dernier épisode « Blood must have blood » s’est fendu d’un petit clin d’oeil à Lost, avec un endroit mystérieux qui n’est pas sans rappeler le bunker de l’Île. Par ailleurs, Thelonious Jaha n’est-il pas l’héritier spirituel de John Locke ou de la présidente Laura Roslin de Battlestar Galactica, incarnant avec conviction la foi face à la raison ?

En conclusion, avec cette deuxième saison, la chenille The 100 a déployé ses ailes pour devenir une belle et grande série, loin d’un petit plaisir coupable comme The Vampire Diaries par exemple (dont je suis pourtant une spectatrice assidue !). La suite entraperçue avec les dernières images permettent les espérances scénaristiques les plus folles pour la saison 3, qui a été confirmée pour octobre prochain, et il y a fort à parier que la planète post-apocalyptique de The 100 réserve encore bien des surprises. Pour les déçus de la première saison, ce serait vraiment dommage de passer à côté.