Découverte séries : Black Mirror

Même si je ne suis pas une serial dévoreuse, je ne peux pas vivre sans avoir plusieurs séries en cours. Des séries que je regarde depuis (très ? trop ?) longtemps comme Supernatural, dont la 14ème saison va sans doute avoir raison de ma longue fidélité à Sam et Dean, des séries que je suis depuis 4 ou 5 saisons comme The 100, série post-apocalyptique dont j’aime beaucoup le côté dilemmes et choix impossibles, ou encore des sitcoms incontournables comme The Big Bang Theory dont l’humour geek me fait hurler de rire depuis près de 12 saisons maintenant.

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A côté de ces vieux compagnons télévisuels, j’aime aussi faire des découvertes et me prendre des claques de temps en temps. La dernière en date : la très britannique Black Mirror, disponible sur Netflix. Certes, la série n’est pas neuve, puisque la saison 1 date déjà de 2011, mais mieux vaut tard que jamais : même si la série était depuis fort longtemps dans ma PAV (Pile A Visionner), je me suis enfin lancée ce mois-ci… et je me suis demandé pourquoi je n’avais pas regardé ce petit bijou avant.

Plus qu’une série traditionnelle, Black Mirror est avant tout une anthologie de science-fiction. Des histoires et des personnages différents, réunis par un fil rouge unique : dans un futur plus ou moins proche, des innovations high tech font émerger les tendances les moins avouables de l’être humain, et nous renvoient à nos propres peurs et nos propres zones d’ombre. Ainsi, que se passerait-il si nos souvenirs pouvaient être enregistrés par un implant, puis revisionnés ? Et s’il était possible de faire une copie informatique de notre conscience ? Voilà un exemple des postulats imaginés par les scénaristes. Comme on peut l’imaginer, c’est souvent sombre et pessimiste, mais c’est passionnant.

Qu’on se le dise, Black Mirror n’est pas une série à mettre sous tous les yeux, loin s’en faut. Même si je n’ai vu à ce jour que les 2 premières saisons, je pense pouvoir dire que le premier épisode de la saison 1 (The National Anthem) compte parmi ce que j’ai vu de plus choquant à la télévision, de par la violence psychologique et le côté malsain (et pourtant tellement crédible) de l’histoire. Pour autant, si ce premier épisode peut aisément couper l’envie d’en voir plus, il serait dommage de ne pas poursuivre l’expérience tant le propos de chaque épisode est incroyablement pertinent et réaliste, et ouvre la porte à des heures de réflexion et de débat sur de nombreuses thématiques : la société moderne, le rôle de la technologie, le libre-arbitre, les frontières morales, les penchants humains, la nature de la conscience, la manipulation de l’opinion publique, le pouvoir des réseaux sociaux, …

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Et comme si l’audace des histoires ne suffisait pas, les scénaristes ont créé un OTNI au sein de la série, sorti fin 2018 tel un cadeau de Noël : l’épisode interactif Bandersnatch, qui a fait couler beaucoup d’encre virtuelle. Vous vous rappelez des livres dont vous êtes le héros de notre enfance ? Ici, on repart du même principe : vous suivez l’histoire du personnage principal, un jeune geek dont le rêve est de développer son propre jeu vidéo, et toutes les 5 minutes environ, Netflix vous demande de faire un choix. Ce choix peut avoir des conséquences insignifiantes, comme terriblement impactantes. Les scénaristes ont ainsi concocté pas moins d’une dizaine de fins alternatives, qu’il n’est pas forcément évident de trouver. Le visionnage du film peut ainsi aller d’1h30… à 5 h.

Si l’exercice ne semble pas totalement abouti et que l’histoire tourne parfois un peu en rond, il faut reconnaître que cet épisode follement ambitieux est un véritable tour de force : par la construction de l’histoire, les différents niveaux de mise en abîme et le côté méta de certaines branches du scénario (en tant que fan de Supernatural, dont les épisodes méta sont mes préférés, je suis totalement fan des séries qui s’auto-référencent ^^). Un véritable labyrinthe créatif qui, selon les dires des scénaristes, a failli les rendre aussi fous que leurs personnages !

Alors si vous n’avez pas encore tenté l’expérience Black Mirror, foi de Biancat, foncez…

Découverte séries : The OA / Travelers

Comme nous sommes encore au mois de janvier, je vous souhaite d’ores et déjà une très belle année 2018 ! Qu’elle vous permette de réaliser quelques rêves et de faire de belles découvertes. C’est donc de découvertes qu’il s’agit aujourd’hui sur la Biancat’s Room, avec deux séries Netflix un peu confidentielles, mais que j’ai néanmoins adorées : The OA et Travelers. Dans les séries fantastiques, qu’on se le dise, il y a bien une vie au-delà de Stranger Things.

The OA

Synopsis : Prairie Johnson réapparaît après sept ans d’absence. Disparue subitement, l’enfant était aveugle ; à son retour, elle ne l’est plus. Qu’a-t-il bien pu lui arriver ? C’est ce que vont tâcher de découvrir son entourage, la science et même le FBI. (Source : Allociné)

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Sortie dans la discrétion fin 2016, la série de Zal Batmanglij et Brit Marling a des allures d’OTNI (Objet Télévisuel Non Identifié). Démarrant comme un drame familial, la série emprunte peu à peu des chemins étranges et inattendus.

À son retour après 7 ans d’absence, Prairie Johnson peine à reprendre sa place dans un quotidien au sein duquel elle n’a plus vraiment de repères. Elle semble également investie d’une mystérieuse mission pour laquelle elle doit recruter 5 personnes, 5 personnes à qui elle commence à raconter son histoire, levant le voile sur un incroyable récit. C’est donc pendus aux lèvres de Prairie, tout comme ses 5 comparses, que nous traversons les 10 épisodes du show. Certaines histoires méritant d’être découvertes sans trop en savoir à l’avance, pour préserver le mystère, il est préférable de ne pas en dire trop. Il faut juste se laisser porter et croire… ou pas. Affabulation ? Réalité ? Délire ? Telles sont les questions qui nous taraudent ainsi pendant que Prairie livre ses souvenirs des 7 années passées.

La force de la série est bien sûr son  scénario ambitieux, où se mêlent drame humain, enquête policière et mysticisme. The OA affiche en effet une spiritualité très personnelle, jusqu’au-boutiste, qui nous mène aux frontières de la vie et de la mort, au-delà de toutes croyances, et peut fasciner ou rebuter irrémédiablement. Portée par l’interprétation habitée de Brit Marling, ce récit métaphysique se déroule avec lenteur, pour mieux envoûter le spectateur, et se termine dans une envolée rarement vue à la télévision.

À l’instar d’une série comme The Leftovers, l’enjeu n’est pas de tout comprendre, mais de ressentir. Le visionnage terminé, il faut un peu de temps pour analyser ce que l’on vient de voir, avec finalement une seule certitude, celle d’avoir vécu une expérience hors normes, et une seule envie, celle de voir jusqu’où la série nous emmènera lors de sa saison 2, dont le tournage vient tout juste de démarrer.

Travelers

Synopsis : Des centaines d’années dans le futur, des hommes parviennent à se téléporter au XXIème siècle en prenant pour hôtes des personnes sur le point de mourir. La nouvelle équipe de voyageurs doit remplir un certain nombre de missions pour empêcher la destruction de l’humanité à venir. Dans l’intervalle, chacun doit se glisser dans la peau de son hôte sans éveiller de soupçons : une jeune maman battue par son époux, un agent du FBI, un junkie, un lycéen et… une déficiente mentale. (Source : Allociné)

 

Sur Netflix, cette petite série canadienne s’appelle Les voyageurs du temps, et c’est la raison pour laquelle j’ai mis du temps à la visionner. Malgré tout, sous ce titre peu vendeur en français, se cache une pépite à côté de laquelle il serait dommage de passer.

Ici, point d’effets spéciaux tape-à-l’oeil ou de visions apocalyptiques du futur. La série se déroule dans le présent et repose moins sur le visuel que sur son scénario et ses personnages. Comme dans toute série sur les voyages temporels qui se respecte, les possibilités de narration sont quasi-infinies et si l’histoire se complexifie parfois et n’évite pas quelques paradoxes, l’ensemble reste toujours très excitant, alternant action et moments plus intimistes, le tout saupoudré d’un humour plutôt sympathique.

Au-delà de son postulat de base purement SF, ce qui fait aussi l’intérêt et la différence de la série, ce sont les relations qu’entretiennent les voyageurs avec leurs hôtes, ou du moins avec leur vie et leurs proches. Les voyageurs ont en effet pour ordre de n’apporter que le minimum de modifications au présent, hormis les changements ordonnés par leur mystérieux Directeur, à travers les différentes missions qu’ils doivent accomplir. Et quand il s’agit de concilier la mission avec la vie quotidienne, l’exercice s’avère parfois compliqué. Une sorte de Code Quantum (une de mes toutes premières passions sériesques ❤ ) mâtiné de Mission Impossible en quelque sorte.

Pour incarner ces agents du futur, le casting est plutôt réussi, d’un Eric McCormack en agent du FBI charismatique à la tête de son équipe de voyageurs, à Jared Abrahamson, excellent dans le rôle d’un vieil homme débarqué dans le corps d’un athlète de 17 ans, en passant par la belle MacKenzie Porter ou l’attachant Patrick Gilmore.

Pour vous faire une idée, visionnez ne serait-ce que le pilote, qui donne un avant-goût appétissant de la série, et … welcome to the 21st century.

 

22/11/63 de Stephen King : un voyage marquant

Je n’ai jamais beaucoup lu Stephen King, même si j’ai vu nombre d’adaptations de ses romans (la plus récente étant la série Under the Dome). Ma dernière lecture du King remontait en outre à très très loin. Pourtant, à sa sortie, j’avais été attirée par le synopsis de 22/11/63, et il trônait depuis sur les étagères de ma bibliothèque.

221163-Stephen King« 2011. Jake Epping, jeune professeur au lycée de Lisbon Falls dans le Maine, se voit investi d’une étrange mission par son ami Al, patron du Dîner Local, atteint d’un cancer. Une « fissure dans le temps » au fond de son restaurant permet de se transporter en 1958 et Al cherche depuis à trouver un moyen d’empêcher l’assassinat de Kennedy. Sur le point de mourir, il demande à Jake de reprendre le flambeau. Et Jake va se trouver plongé dans les années 60, celles d’Elvis, de JFK, des grosses cylindrées, d’un solitaire un peu dérangé nommé Lee Harvey Oswald, et d’une jolie bibliothécaire qui va devenir l’amour de sa vie. Il va aussi découvrir qu’altérer l’Histoire peut avoir de lourdes conséquences… » (Source : Amazon)

Le premier sentiment qui m’a étreinte en terminant ce livre a été la nostalgie, comme au retour d’un long voyage. Et il fut long en effet, avec pas moins de 930 pages en version brochée (qui, au passage, pèse une tonne et n’est pas du tout pratique à lire au lit 😉 ). De 1958 jusqu’au fatidique novembre 1963, Stephen King décrit l’Amérique des années 50 comme personne, sans angélisme exacerbé, mais avec réalisme et tendresse. On sent, on entend et on voit cette Amérique d’un autre temps, dont les obsessions étaient différentes des nôtres et dont on se surprend à être nostalgique sans l’avoir connue.

22/11/63 parle de voyage dans le temps, pourtant ce n’est pas vraiment un roman de science-fiction. King part simplement de ce postulat de base pour tisser une trame parallèle, qui mêle habilement l’Histoire et l’histoire, à travers une reconstitution très documentée. C’est ainsi qu’au fil du roman, on découvre la vie de Lee Harvey Oswald, tellement bien intégrée au récit qu’on en oublie la frontière entre la réalité et la fiction et que la crédibilité de la thèse, ici celle du tireur isolé, passe au second plan.

L’intérêt du roman réside en effet surtout dans les questions pertinentes qu’il pose et qui font partie des grands classiques de la SF : serait-il souhaitable de changer le passé si nous en avions la possibilité, et d’effacer ainsi la trame de nos vies pour en créer une nouvelle pas forcément meilleure ? Quel est l’impact de nos vies et de nos actes sur le cours de l’histoire et sur ceux qui nous entourent ? Ces interrogations prennent vie à travers la grande mission de Jake, mais également – et surtout – à travers sa vie quotidienne pendant ces 5 ans, à travers ses rencontres et ses décisions, et sa belle histoire d’amour avec Sadie. Parce que 22/11/63 est avant tout un roman d’amour, d’une beauté simple, jamais mièvre, et dont la conclusion, parfaite et poignante, m’a laissée le coeur serré pendant plusieurs jours.

Certes, on pourrait se demander pourquoi King a eu besoin de près de 1 000 pages pour conter cette histoire. Je répondrais qu’il a simplement suivi les circonvolutions de la vie et du temps, en nous entraînant au passage. Car malgré la longueur, on ne s’ennuie jamais : son style très vivant et la grande force évocatrice du récit font en permanence défiler le film sous nos yeux, jusqu’à un dénouement que j’ai trouvé paradoxalement presque trop court.

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé. Aussi, sortie de ce pavé, j’ai eu besoin de quelques jours de pause lecture. Et j’ai finalement réalisé que ce livre m’avait laissé un goût de trop peu en matière de science-fiction pure et cela m’a donné envie de me replonger dans les maîtres du genre, pour voyager encore plus loin.

The 100 saison 2, ou comment une série moyenne peut devenir une tuerie

Démarrée en 2013, la série The 100 vient d’achever sa deuxième saison sur la CW, spécialiste des teen-shows aux US. Après un final audacieux, tétanisant et d’une rare intensité, force est de constater que The 100 est l’exemple parfait de la série moyenne qui a fini par prendre un envol presque inattendu.

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Synopsis : suite à un cataclysme survenu sur Terre 97 ans plus tôt, les derniers survivants de l’humanité sont allés se réfugier sur une station orbitale appelée l’Arche, y instaurant une nouvelle société. Les ressources se raréfiant dangereusement, les dirigeants décident d’envoyer cent délinquants adolescents sur la planète, dans l’espoir de pouvoir quitter l’Arche et de vivre de nouveau à la surface. Mais la Terre a aussi suivi son chemin pendant ces 97 ans, et ils découvrent rapidement qu’ils sont loin d’être seuls.

Une série aux influences multiples

The 100

Markus (Henry Ian Cusick)

Inspirée du roman de Kass Morgan, The 100 se situe à la croisée des chemins entre la série post-apocalyptique tendance survival à la Walking Dead, la série d’aventures à la Lost et le space opera à la Battlestar Galactica ou Star Trek, le tout saupoudré de Hunger Games et de Sa Majesté des Mouches. Hasard ou pas, on retrouve dans le casting les acteurs Henry Ian Cusick, qui incarnait Desmond Hume, personnage emblématique de Lost, ainsi qu’Alessandro Juliani et Kate Vernon, de Battlestar Galactica. Au vu de ces nombreuses références que j’affectionne particulièrement, c’est donc surtout poussée par la curiosité que j’avais entamé le visionnage de The 100 en 2013.

Une fois passés les premiers épisodes, assez mauvais il faut bien le dire, la première saison se laissait regarder sans peine, même si elle n’était pas exempte de défauts. Dans les bons côtés, la série laissait rapidement de côté les amourettes adolescentes pour se focaliser sur l’action : les adultes sur l’Arche d’une part, les jeunes en prise avec leurs découvertes terrestres d’autre part. De plus, la fin de la saison laissait entrevoir un tournant plutôt intrigant dans le scénario, qui m’avait donné envie de poursuivre.

Un gain de maturité et de profondeur

En octobre 2014, est arrivée la saison 2, surprenante tant le saut qualitatif était grand. D’un show pour adolescents très typé CW, The 100 s’est muée en une série beaucoup plus mature, plus sombre, et plus profonde, laissant entrevoir un potentiel scénaristique bien plus vaste que ne le laissait présager la première saison.

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Clarke (Eliza Taylor) et Lexa (Alycia Debnam-Carey)

Les personnages, qui reviennent de loin quand on se rappelle les premiers épisodes, bénéficient désormais d’une écriture impeccable et d’acteurs investis. L’évolution de leur psychologie et de leurs motivations est un quasi sans-faute tout au long de la saison (excepté le personnage de Finn peut-être), qu’il s’agisse des adolescents Clarke, Bellamy, Jasper ou Octavia, des adultes Abby ou Thelonious, ou des autochtones Lexa ou Dante. Leurs relations sont également travaillées et bien construites, comme celle de Clarke et de sa mère Abby, ou celle, plus étonnante, de Lexa, chef des Grounders (peuple autochtone de la Terre), et de Clarke.

Une des forces principales des personnages de la série est également de ne jamais tomber dans le manichéisme. Dans The 100, aucun personnage n’est blanc ou noir : chaque choix, chaque décision les entache irrémédiablement, peu y échappent, et c’est précisément parce qu’ils sont tous des anti-héros qu’ils créent l’empathie. C’est ainsi qu’à la fin de la saison, la jeune héroïne Clarke, campée par l’excellente Eliza Taylor, se pose en véritable pendant féminin d’un Rick Grimes dans The Walking Dead : un leader fort, mais métamorphosé à jamais par l’horreur, la mort et les choix inhumains.

Une véritable réflexion 

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Thelonious (Isaiah Washington)

Le scénario effectue, à partir du déchirant épisode de mi-saison, une montée en puissance sans faille, pour conclure une saison riche en surprises dans le bruit et la fureur, et une incroyable intensité. Dans cette saison, les scénaristes auront abordé des thèmes qui dépassent largement le cadre de la série pour adolescents pour proposer, à travers un scénario ambitieux et des partis pris osés, une réflexion intelligente, dérangeante parfois, sur la guerre, le sacrifice, la perte de l’innocence ou la culpabilité. Espérons que ce tournant plus adulte, plus violent aussi, ne déroutera pas le jeune public de la CW, au risque de voir la série annulée un jour.

Cerise sur le gâteau, le tout dernier épisode « Blood must have blood » s’est fendu d’un petit clin d’oeil à Lost, avec un endroit mystérieux qui n’est pas sans rappeler le bunker de l’Île. Par ailleurs, Thelonious Jaha n’est-il pas l’héritier spirituel de John Locke ou de la présidente Laura Roslin de Battlestar Galactica, incarnant avec conviction la foi face à la raison ?

En conclusion, avec cette deuxième saison, la chenille The 100 a déployé ses ailes pour devenir une belle et grande série, loin d’un petit plaisir coupable comme The Vampire Diaries par exemple (dont je suis pourtant une spectatrice assidue !). La suite entraperçue avec les dernières images permettent les espérances scénaristiques les plus folles pour la saison 3, qui a été confirmée pour octobre prochain, et il y a fort à parier que la planète post-apocalyptique de The 100 réserve encore bien des surprises. Pour les déçus de la première saison, ce serait vraiment dommage de passer à côté.

Orphan Black : la bonne surprise SF

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Comme je l’ai évoqué dans un précédent billet, mon année de séries addict avait d’ores et déjà très bien démarré avec l’excellente Sherlock. Mais comment rebondir après un tel coup de coeur ? Enchaîner avec un autre coup de cœur, pardi ! A l’heure anglaise aussi bien sur petit écran que dans mes lectures, je n’avais pas envie de me replonger tout de suite dans une série américaine. C’est donc un peu par hasard que je me suis lancée dans la méconnue, mais néanmoins très bonne série de science-fiction Orphan Black, créée en 2013 et comportant à date 2 saisons de 10 épisodes.

Un renouvellement du genre

beth-orphan-blackSur un quai de gare, Sarah Manning voit une jeune femme se jeter sous un train devant ses yeux, après avoir soigneusement plié ses affaires et ôté ses escarpins. Avant le saut fatal, Sarah a juste de le temps de remarquer que leurs traits sont absolument identiques. Ni une ni deux, elle s’empare du portefeuille de l’inconnue et s’enfuit. Découvrant que son alter ego, dénommée Beth Childs, travaillait dans la police, elle décide de prendre sa place pour échapper à une existence et à un ex-petit ami minables. En prenant cette décision, elle se retrouve plongée au cœur d’une sombre affaire de clonage et réalise rapidement que sa vie est en danger.

En lisant le résumé, on pourrait se dire qu’on est avec Orphan Black face à une énième histoire de clonage et de complot, thème cher à la science-fiction. C’est le cas, pourtant le traitement de l’histoire éloigne sans conteste la série des précédents essais sur le sujet.

Ainsi, dès les premières images et les premiers dialogues qui fleurent bon la banlieue anglaise, on se croirait dans une série Outre-Manche. Or, même si elle est diffusée par la BBC, par sa branche américaine plus précisément, Orphan Black est une série… canadienne. Quand bien même, elle partage avec ses cousines britanniques un ton, une modernité et une ambiance qui la différencient immédiatement des séries américaines. Haletante et addictive dès le premier épisode (je me suis fait violence pour ne pas l’engloutir en 3 jours !), la série ne manque pas non plus d’humour.

Epoustouflante Tatiana

clones-orphan-black-tatiana-maslanyL’attrait principal de la série réside incontestablement dans l’extraordinaire performance de l’actrice principale Tatiana Maslany. Qui dit clones, dit rôle multiple, et la géniale Tatiana en interprète pas moins de 8 sur les 2 saisons !

D’Alison la desperate housewife, à Cosima la geekette, en passant par une Helena perturbée et un tantinet psychopathe, elle se fond dans ses personnages avec une facilité déconcertante en alternant costumes, coiffures, accents, et réussit la prouesse de les rendre à la fois consistants et attachants. Elle est pour cela soutenue par des effets spéciaux de très bonne facture, lorsque les clones se retrouvent (à de nombreuses reprises) ensemble à l’écran.

?????????????????Si Tatiana étonne (elle a d’ailleurs reçu de nombreuses récompenses pour sa performance), le reste du casting n’est pas en reste. J’ai une certaine tendresse pour Felix, le frère de Sarah, sorte de grande folle totalement décomplexée, qui sert de comic relief au show, ainsi que pour Vic et Donnie, personnages de losers à la fois pathétiques et attendrissants. Et petite mention pour Paul, parce qu’en plus d’être absolument canon, il est sans doute l’un des personnages les plus énigmatiques de la série.

On admettra, c’est vrai, qu’Orphan Black n’atteint peut-être pas la qualité d’écriture et l’intensité d’un Luther ou d’un Sherlock, notamment à cause de sa propension à épaissir les mystères et à systématiquement jeter le trouble sur les motivations de ses personnages. Mais est-ce un véritable défaut ou un tour habile pour rendre le spectateur accro ? Vu mon impatience à entamer la saison 3, qui sera diffusée à partir du 18 avril sur BBC America, j’ai déjà un début de réponse.

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Les perles SF / Fantastique du Direct To Video

J’évoquais il y a quelques temps mes semi-déceptions cinématographiques SF / Fantastique de l’année. Hormis quelques exceptions, je faisais le constat de beaucoup d’action pour peu de réflexion ou d’émotion. Finalement, c’est du Direct to Video, ces films à petits budgets qui ont zappé la case salles obscures, que sont venues pour moi les surprises les plus sympathiques.

PREDESTINATION_27X40_R3MECH.inddPredestination – 2014

L’histoire : le héros est Agent temporel. Pour son ultime mission, il doit arrêter un dangereux criminel qui n’a eu de cesse de lui échapper.

Difficile de résumer ce petit film de science-fiction, dont le pitch ne fait vraiment pas honneur à l’histoire. Ethan Hawke, qui a déjà fait des incursions dans la SF (Bienvenue à Gattaca) voire même dans l’horreur (Sinister) y interprète un Agent temporel dont le métier est l’arrestation de criminels avant qu’ils ne commettent leur délit. De retour dans les années 70, il fait un soir la connaissance d’un homme mystérieux qui lui raconte son histoire. Plutôt lent au démarrage, le film déroule progressivement des faits qui vont finir par s’imbriquer dans un scénario assez incroyable qui donne le vertige, pour peu que l’on accepte de ne pas y trouver une cohérence absolue (c’est de la SF !). Je pensais avoir déjà vu beaucoup de choses en matière de cinéma fantastique, mais je dois avouer que j’ai trouvé l’idée de base de ce film (à ne surtout pas révéler, bien sûr !) extrêmement osée, et de ce fait vraiment jouissive. Ajoutez à cela l’excellente interprétation d’Ethan Hawke et de l’étonnante Sarah Snook, et vous tenez là une des jolies surprises de 2014, qui aurait amplement mérité sa sortie en salles.

triangle-filmTriangle – 2009

L’histoire : Un groupe d’amis se retrouve sur un voilier pour une balade en mer.  Après une tempête aussi inattendue que violente, le voilier se retrouve perdu au large. Quand un mystérieux navire apparaît, ils pensent être sauvés. En montant à bord, ils découvrent un bateau en apparence désert, où ils n’ont pas l’impression d’être seuls. Peu à peu, la peur s’instille…

A la lecture du résumé et pendant la première demi-heure de film, on pourrait croire à un énième slasher à la Scream, d’où sa classification – à tort – dans les films d’épouvante/horreur. Pourtant, à partir du moment où l’impression de déjà-vu ressentie par le personnage principal, interprété par Melissa George, devient prégnante et que l’histoire prend un tournant surnaturel, on entre dans un autre film. Boucle temporelle infernale ? Héroïne paranoïaque ? Hallucinations ? Au spectateur de découvrir le fin mot d’une histoire au demeurant assez angoissante, qui laisse le champ libre à diverses interprétations. En effet, une fois passé le générique de fin, une foule de questions se presse, les pièces du puzzle s’assemblent – plus ou moins bien – et les thématiques se font jour : culpabilité, rédemption, fatalité, références mythologiques, … Ainsi, Triangle est un petit film, certes un peu répétitif, mais qui propose des idées scénaristiques intéressantes et plus profondes qu’il n’y paraît, dès lors qu’on dépasse le premier niveau de narration. J’ai aimé.

Séries : c’est dans les vieux pots…

twin-peaks La nouvelle secoue le petit monde des séries depuis quelques jours : Twin Peaks pourrait être de retour en 2016 !

Univers totalement immersif, galerie de personnages géniaux et improbables, étrangetés de tout poil, la série de David Lynch était l’OTNI (Objet Télévisuel Non Identifié) du début des années 1990.

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Rappelez-vous : au fil des 30 épisodes, l’agent fédéral Dale Cooper (Kyle MacLachlan) enquêtait sur la mort mystérieuse de la jeune Laura Palmer (Sheryl Lee) et nous découvrions avec lui les habitants hauts en couleur et les secrets les plus sombres et inavouables de Twin Peaks, petite bourgade en apparence tranquille. Enquête policière, drame, série fantastique : difficile alors de faire rentrer Twin Peaks dans une case, tant l’intrigue était riche, tentaculaire et déroutante.

Dans le dernier épisode de la série, Laura avait donné rendez-vous à Dale dans 25 ans. Chose promise, chose due ! La série s’installerait donc 25 ans après les faits, et il est fort probable que de nombreux personnages seront de retour. Série-culte entre toutes, qui a bousculé les codes de la série télévisée, inutile de dire que l’excitation des fans de Twin Peaks est immense, d’autant plus que David Lynch a promis des réponses aux mystères restés en suspens. Leurs attentes le seront aussi.

Battlestar-galacticaDans la série « c’est dans les vieux pots… », la rumeur a également couru cette année que Battlestar Galactica pourrait faire l’objet d’un long métrage au cinéma en 2015.

Si je suis un peu jeune pour avoir vraiment connu la série originale de 1978, j’ai en revanche adoré la série de 2003, que j’ai terminée récemment. Réalisé par Ronald D. Moore, ce reboot s’est révélé, en 4 saisons et quelques téléfilms (Razor et The Plan entre autres) être l’une des meilleures productions SF jamais réalisées pour la télévision.

L’histoire : après avoir créé les Cylons, sorte de machines intelligentes, les humains ont vu ces derniers se rebeller contre eux et manquent de se faire exterminer lors d’un pilote de 3h d’une qualité et d’une intensité dramatique exceptionnelles. Pourchassés à travers tout l’univers et guidés par le vaisseau de guerre Galactica, nous suivons leurs errances, à la recherche d’un nouveau foyer : la Terre, que d’aucuns considèrent comme un mythe.

Intrigue foisonnante et dramatique mêlant science-fiction, politique, réflexion sur la condition humaine et la différence, mythologie, religion, Battlestar Galactica version 2003 est une série passionnante et d’une grande richesse scénaristique. casting-battlestar-galacticaRichesse soutenue par des personnages aussi complexes que fascinants (le commandant Adama, la présidente Rosslin, Apollo, Starbuck (qui a changé de sexe entre 1978 et 2003) ou l’énigmatique Gaïus Baltar), et interprétés par un casting de haut-vol.  Aussi, on ne peut pas nier que l’idée de voir l’univers de BSG transposé au cinéma avec les moyens techniques actuels fait un peu rêver.

Pour ce qui est des salles obscures, on se souvient des récents passages sur grand écran de Star Trek, orchestrés par JJ Abrams : univers un peu malmené pour les puristes, mais assurément du grand spectacle plutôt jouissif. De plus, pour BSG, la rumeur dit que ce serait le producteur de la série originale de 1978, Glen A. Larson, et non pas Ronald D. Moore, qui reprendrait les commandes. Pour le meilleur ou pour le pire ? Seul l’avenir nous le dira.

X-Men : Days of Future Past

x men days of future past Une nouvelle mouture de X-Men, avec Bryan Singer de nouveau aux commandes : un projet très excitant sur le papier. Après visionnage, il s’avère qu’il l’est encore plus sur grand écran. Qu’on se le dise : les X-Men sont de retour.

L’histoire : dans un futur dévasté par la guerre, le professeur Charles Xavier et Magneto décident d’envoyer Wolverine dans le passé pour empêcher un évènement-clé qui a précipité un conflit sans merci et meurtrier entre humains et mutants.

Depuis le premier opus en 2000, la saga X-Men est très prolifique au cinéma, avec des épisodes d’une qualité inégale (carton rouge aux deux épisodes consacrés à Wolverine). En 2011, la franchise avait été brillamment relancée avec X-Men le commencement, un prequel revenant sur les origines de l’oeuvre du Professeur X et de sa relation conflictuelle avec Magneto. L’idée de génie de Days of Future Past consistait donc à relier la timeline de ce prequel à celle de la première trilogie. Une petite pincée de voyage dans le temps et voilà tous les films regroupés dans un univers unique et cohérent. Et pour nous le plaisir de revoir quasiment l’intégralité de tous les acteurs de la série.

Un retour vers le futur réussi

x-men-days-of-future-past-pentagon-escape-quicksilverMalgré cette valse entre passé et futur (qui m’a un peu perdue après coup quand j’ai voulu reconstruire l’histoire complète), la narration temporelle est très fluide. L’action passée tient une grande place dans le récit, et l’intérêt ne décroît quasiment jamais. Bien au contraire, sur la fin du film, l’accélération des allers-retours donne même au tableau des accents d’opéra grandiose et tragique.

Accents tragiques, oui, mais aussi un humour bien présent : j’avoue avoir pouffé à la vision des tenues seventies – chemises aux motifs kitchissimes, blousons de cuir moulants et lunettes de soleil maxi-format – et aux répliques bougonnes de Wolverine. Sans compter l’excellente scène aux effets spéciaux étonnants dans les cuisines du Pentagone : une évasion spectaculaire menée par Quicksilver, nouveau mutant interprété par Evan Peters, que j’ai eu grand plaisir à revoir après la série American Horror Story.

Dans les clins d’oeil du casting, on notera également la présence de notre Omar Sy national dans le petit rôle du mutant Bishop ainsi que Peter Dinklage, le Tyrion Lannister de Game of Thrones, dans le rôle du scientifique Bolivar Trask.

Des effets spéciaux magistraux au service d’une histoire sombre et profonde

Blink-X-MenComme dans X-Men 2 (rappelez-vous la scène incroyable de Diablo à la Maison Blanche), le spectateur est happé dès la première séquence, très impressionnante : effets spéciaux qui en jettent (mention spéciale aux Sentinelles et aux fenêtres de téléportation de Blink), enjeux dramatiques intenses, le ton est donné dans ces dix premières minutes. Après cette entrée en matière, on sait d’ores et déjà qu’on se trouve devant le volet le plus sombre de la série, sans doute le plus profond aussi. Profondeur portée essentiellement par les personnages du Professeur X jeune (James McAvoy) et de Raven/Mystique, interprétée par une Jennifer Lawrence parfaite, et magnifique même en bleu.

mystique raven xmenCe qui frappe dans cet épisode, c’est la grande cohérence psychologique des personnages, que Singer respecte à la lettre tout en ménageant intelligemment le suspense. De ce côté-là, aucune fausse note : chaque personnage reste totalement fidèle à ce qu’il est dans chaque époque, et fidèle à ses convictions. Ce qui n’empêche pas les effets de surprise et de véritables moments de bravoure, comme la scène finale du stade.

Un opus plus SF que ses prédécesseurs

En tant que fan de science-fiction, je n’ai pas pu m’empêcher d’apprécier les références aux monuments du genre (références à double sens très probablement) : le côté très matrixien des Sentinelles du futur (qui ont en plus le même nom), le côté très Terminator de l’univers futuriste, de l’envoi du personnage missionné dans le passé et de l’évolution entre les Sentinelles des 70’s et des Sentinelles modernes (similaire à celle du Terminator initial vers le T1000). De même, le reboot de l’histoire par un voyage temporel n’est pas sans rappeler le premier Star Trek de JJ Abrams. Que du bon, donc.

xmen sentinelEn résumé, après un Wolverine, le combat de l’immortel décevant, la franchise retrouve avec Days of Future Past toute sa vigueur passée et Bryan Singer nous offre ce qui est peut-être un des meilleurs opus de la saga. Et au vu de la scène cachée en fin de film, ce n’est sans doute pas encore fini.

Genesis – Bernard Beckett

genesis beckettJ’ai annoncé la couleur dès ma présentation : je suis férue de fantastique et de science-fiction. Si j’en regarde beaucoup sur petit et grand écran, j’en lis curieusement peu alors que les monuments ne manquent pas en la matière. Qu’à cela ne tienne, une amie m’a récemment conseillé le petit roman Genesis du néo-zélandais Bernard Beckett. Une réflexion sur l’intelligence artificielle et la condition humaine, je ne pouvais pas refuser le voyage.

Alléchée et très décidée, je l’ai donc commandé sur le champ en Kindle, en anglais même si je ne l’ai pas fait exprès (voilà ce que c’est de ne pas pouvoir feuilleter ce qu’on achète ^^) et cette lecture a été, disons-le, une excellente surprise.

L’histoire : dans un monde futuriste reconstruit et en paix suite à la Dernière Guerre, Anaximandre est une jeune étudiante dont l’ambition est d’intégrer la fameuse Académie. Aujourd’hui, elle passe son examen d’entrée qu’elle prépare intensivement depuis des mois avec son mentor Périclès : un oral de quatre heures devant trois examinateurs, sur le thème de son choix. Anax commence alors à présenter son sujet, qu’elle connaît sur le bout des doigts : la vie d’un certain Adam Forde, dont l’existence a changé le cours de l’Histoire du monde…

Original, ce livre l’est, sans conteste. Par la forme, déjà, puisque toute l’histoire repose uniquement sur l’entretien d’Anax avec les trois examinateurs. On est donc dans un huis-clos dont on se demande au départ où il va mener, et qui finit ni plus ni moins par mettre au coeur de l’intrigue quelques-unes des questions fondamentales de la philosophie : qu’est-ce qui définit l’essence de notre humanité ? Qu’est-ce que la conscience ? Qu’est-ce que l’âme ? Qu’est-ce qui différencie l’humain de la machine ?

Entre exposition du sujet et questions piège, entre phases d’examen et de pause, le destin d’Anax sera scellé au bout de ces cinq heures. Mais il ne faut pas en dire trop car en plus de sa réflexion existentielle (qui en passant est une très bonne intro à la philo), l’ouvrage propose une fin originale et plutôt bien amenée. Pour les vieux briscards de la science-fiction, le premier twist ne sera pas une grande révélation, mais la toute fin est quant à elle vraiment surprenante, voire bouleversante.

Un petit livre donc, mais avec une portée qui s’avère fascinante, car la science-fiction n’est jamais aussi savoureuse que quand elle fait travailler nos méninges.

Ah ah ah aaaaah… en apesanteeeeur : ça y est, j’ai vu Gravity.

gravityJe suis allée voir Gravity d’Alfonso Cuaron ce week-end, après en avoir lu des myriades d’avis dithyrambiques (4,6 sur 5 pour les critiques presse sur Allociné, rien que ça).

J’ai toujours un peu peur d’aller voir un film encensé, au risque de placer mes attentes trop haut et d’être déçue au bout du compte. Mais d’un autre côté, j’aime trop la science-fiction pour laisser passer un tel film. Et j’ai bien fait de me laisser tenter, parce que Gravity est largement à la hauteur des attentes et de l’expérience promise. Pas tant pour l’histoire qu’il raconte – un survival plutôt classique dans l’espace – mais pour la façon dont il le raconte et surtout dont il le montre.

De ce point de vue là, la claque est monumentale : au premier rang de la salle, lunettes 3D sur le nez, l’expérience sensorielle est inédite et impressionnante, et ce dès les premières images du film. Un premier plan-séquence d’une longueur jamais vue dans un film de SF, une 3D magnifique qui sert admirablement le film, une ambiance sonore plus vraie que nature, des images de la Terre d’une incroyable beauté, tout contribue à nous couper le souffle tant tout est fluide et réaliste, et on subodore rapidement que cette sensation durera pendant tout le film.

Ainsi, dès la première pluie de débris, l’intensité dramatique monte de plusieurs crans et ne se relâchera qu’à la dernière image du film. Pendant ce temps, nous aurons vécu une aventure hors du commun pendant 1h30 d’immersion totale, à travers le regard d’une Sandra Bullock confrontée à sa propre mortalité,  à ses ressources ultimes et à ses choix.  Son jeu d’actrice (excellent même en VF), et certains plans angoissants au possible – de la caméra placée dans le casque pour une vision subjective à la caméra fixe qui la regarde dériver dans l’espace infini – nous font vivre chaque seconde quasiment en apnée et dans une tension extrême, contrebalancée par la touche d’humour bienvenue apportée par George Clooney.

Au niveau de sa structure, le film offre un bon équilibre entre action pure, moments de suspense intense et scènes d’émotion plus intimistes. Même si j’avoue que j’aurais aimé que les scènes contemplatives soient plus longues (le spectacle est si beau !) et que le film fasse plus de place à l’intériorité et à l’angoisse existentielle des personnages, ce qui aurait pu apporter un peu plus de profondeur à l’ensemble. Mais en fin de compte, ce n’est pas sur ce terrain, celui de 2001 ou de Solaris, auxquels on a parfois comparé le film, qu’Alfonso Cuaron voulait amener son spectateur et la fan de SF que je suis est malgré tout sortie tout à fait repue de ce spectacle.

Que l’on aime ou pas la SF, une chose est sûre, il ne faut pas louper l’expérience Gravity sur grand écran : à n’en pas douter, vous n’avez vu jamais ça au cinéma.